Le texte ci-dessous est extrait du Congrès archéologique de France : séances générales tenues par la Société française pour la conservation des monuments historiques (1991) - Texte : Georges Fréchet -
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Le Christ et les deux larrons |
Enfin replacé dans le chœur, cet ensemble de sculpture en bois polychrome est peut-être ce qui attire le plus l'œil en entrant dans l'église. Pourtant cela n'a pas été sans diverses vicissitudes. Ce Calvaire, dont il ne reste actuellement que le Christ en croix (h. 3,42 m) et les deux larrons (h. 2,10 m), se dressait vraisemblablement à l'origine sur le jubé. Celui-ci ayant été détruit en 1704, Aimond suppose que ce fut l'occasion de la translation du groupe au fond de l'abside, sur le socle de pierre qui existe encore actuellement. On trouve alors la première description, qui semble être restée inaperçue malgré la publication d'Aimond : Longeaux révèle que ce crucifix avait à ses pieds la statue agenouillée du chanoine Robert de La Mothe, certainement le donateur, qui vivait entre 1507 et 1539.
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Le bon larron |
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Le mauvais larron |
La description suivante apparaît dans l'inventaire révolutionnaire de 1790, le « Grand Christ » étant toujours à la place qu'il occupera jusqu'en 1855. Les trois crucifiés sont alors déplacés et suspendus aux piliers droits de la nef, cependant que le socle du XVIII° siècle devenait fonts baptismaux. On est donc sûr de l'existence à Saint-Pierre d'un groupe, assez vague dans les inventaires révolutionnaires, mais offert par un membre même de la collégiale à l'époque de Ligier-Richier, et c'est d'une importance considérable pour l'attribution de ce chef-d'œuvre. Est ainsi levée l'hypothèque d'un transfert du calvaire décrit par Chatourup à Notre-Dame de Bar-le-Duc en 1532. Pour celui-ci on ne précisait d'ailleurs pas l'existence des deux larrons.
Reste l'évidence du style, qui est la seule base d'attribution. Elle a souvent été mise en doute. L'un des arguments les plus sérieux est celui de la divergence entre le Christ, maigre, immobile et au visage assez doux, et les larrons qui, « bon » (à gauche) comme « mauvais » (à droite) font saillir leurs muscles, « se convulsent frénétiquement » et leurs traits sont violemment expressifs. Mais il n'y a là que tradition iconographique : le Sauveur est maigre à cause des privations et des supplices, il est droit et calme parce que son sort est accepté; les deux autres sont dans l'art gothique toujours attachés avec des cordes et leurs poses contorsionnées apparaissent fréquemment dans les retables et les miniatures du XV° siècle, mais par rapport à ces modèles, Mile Beaulieu remarque justement qu'ils sont « apaisés » et envisage pour cela la main de Richier, alors qu'elle trouve le Christ trop raide pour être du maître. Mais en fait l'anatomie est beaucoup plus similaire qu'on ne l'a dit. On retrouve dans les trois personnages les mêmes aréoles pointues et une forme curieusement concave du sternum.
En outre, les yeux, dans chaque cas, présentent les fameuses paupières à bourrelets reconnues depuis longtemps comme caractéristique » de Richier. Du point de vue de l’expression un certain pathos apparaît dans les «bouches entr’ouvertes. M. Van Hees établi la ressemblance physionomique avec le Christ de la Pitié d’Étain. La comparaison se fait surtout avec le Crucifié et les larrons de Briey. Bien que les poses soient pratiquement identiques, les visages y sont plus doux, les anatomies plus académiques.
Le calvaire a été classé monument historique en 1898.
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