Affichage des articles dont le libellé est monument. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est monument. Afficher tous les articles

09/11/2022

Le Mort-Homme

Le Squelette du Mort-Homme en 2022
100 ans après son inauguration 


Le contexte historique


Le rôle stratégique du secteur Mort-Homme - Cote 304, impacte dès septembre 1914, Gercourt-Drillancourt, Regnéville, Forges, Béthincourt, Malancourt, Avocourt, soumis aux bombardements, voire aux attaques d’infanterie. Villages que les habitants évacuent spontanément, quand ils ne sont pas expulsés, voire déportés par les Allemands. En 1915, le front est stabilisé, mais l’étau se resserre. En février 1916, quelques jours avant le début de l’offensive allemande, l’autorité militaire à Verdun prescrit, en particulier, les évacuations des derniers habitants de Regnéville, Champneuville, Cumières et Esnes-en-Argonne.

Lors du déclenchement de l’offensive allemande sur la rive gauche du fleuve Meuse, le 6 mars 1916, la ligne de front passe par Regnéville, Forges, la Côte de l’Oie, Béthincourt, le bois de Malancourt et Malancourt. C’est le rempart de « la position principale de résistance » qui s’appuie sur les collines du Mort-Homme (295 m) et de la Cote 304 (304 m), bordées à l’est par Cumières et à l’ouest par Avocourt. Les « deux piliers sur la rive gauche de la défense de Verdun », séparés par le ravin de la Hayette (ruisseau de Montzéville), sont des observatoires naturels de première importance. Âprement disputés, ils seront pris et repris plusieurs fois tout au long de la bataille par chacune des deux armées. En arrière du Mort-Homme et de la Cote 304, le dispositif français est complété par les forts de Vacherauville et Bois Bourrus, équipés de canons.


© gallica.bnf.fr


A partir du 21 février 1916, les douze villages de Gercourt-Drillancourt, Regnéville, Forges, Béthincourt, Malancourt-Haucourt, Avocourt, Esnes-en-Argonne, Montzéville, Chattancourt, Marre, Cumières et Champneuville systématiquement bombardés, sont en grande partie détruits. Après-guerre, seuls Cumières et le hameau d'Haucourt ne sont pas reconstruits. Les autres villages sont reconstruits, peu ou prou, à l'emplacement du site originel, tandis que ceux de Béthincourt et Forges s'établissent à distance des sites classés en « zone rouge », comme tout ou partie du territoire de la majorité de ces communes. Car, et c'est ce qui distingue Verdun des autres batailles, «les destructions étaient telles que la reconstruction et la remise en état des cultures étaient impossibles. Aujourd'hui encore, la moindre fouille met au jour des débris humains et des obus non explosés. »



L'offensive allemande sur la rive droite (21-26 février 1916)

Le 21 février, les villages disparaissent sous les tirs d'artillerie. Sur la rive droite de la Meuse, malgré le sacrifice des défenseurs, les lignes françaises sont enfoncées. Le 25 février, les Allemands progressent de 8 kilomètres et prennent Champneuville, la Côte du Talou et le fort de Douaumont. Mais dès le 26 février, l'offensive allemande ralentit. Avec l'arrivée des premiers renforts, les Français attaquent de front sur la rive droite et emploient les batteries de la région du Mort-Homme situées sur la rive gauche.

L'offensive allemande sur la rive gauche

Le 6 mars, les Allemands changent de stratégie et attaquent sur les deux rives de la Meuse pour prendre Verdun en tenaille : à l'est, en direction du fort de Vaux et à l'ouest, en direction des hauteurs du Mort-Homme où l'attaque allemande se concentre sur 6 kilomètres de front. Malgré l'emploi massif de leur artillerie, comparable à celui du 21 février, les troupes allemandes sont ralenties, voire arrêtées par les feux des canons français. La bataille d'infanterie fait rage. L'assaillant devient défenseur. Le défenseur devient assaillant.

L’offensive allemande progresse lentement mais les succès partiels sont chèrement payés. Du 6 au 10 mars, les Français perdent Regnéville, Forges, la Côte de l'Oie, le bois des Corbeaux et le bois de Cumières.

Du 11 mars au 8 avril, la Cote 265 du Mort-Homme, les bois d'Avocourt et Malancourt, les villages de Malancourt, Haucourt tombent. Béthincourt est évacué. Mais le Mort-Homme tient bon et la Cote 304 n'a pas pu être attaquée.

Les 9 et 10 avril, les Allemands attaquent alors sur un front plus large : par l’ouest et au nord sur la Cote 304, puis par le nord sur le Mort-Homme . Au soir du 10 avril, les Allemands prennent le sommet du Mort Homme (cote 295) tandis que les Français se retranchent sur la pente, au sud, « accrochés par les ongles »


© gallica.bnf.fr


Le 20 avril, la contre-offensive française reprend le Mort-Homme que les Allemands décident, dans un mouvement tournant, de faire tomber par l'ouest, en s'emparant de la Cote 304. Les tirs d’artillerie allemande commencent le 3 mai et durent deux jours et une nuit. 

D’après le soldat français Louis Barthas, la Cote 304 et le Mort-Homme sont « comme deux volcans en éruption, il s'en échappait des nuages de fumée au milieu de laquelle s’apercevait la flamme des explosions comme des jets de lave incandescente. » 

Du 5 au 22 mai, les attaques allemandes s'enchaînent, comme autant de coups de boutoirs, d'Avocourt au ravin de la Hayette. Les Allemands réussissent finalement à déborder la Cote 304 par l'ouest et à s'accrocher aux pentes nord. 

Sur le Mort-Homme, le 23 mai, les Allemands rejettent les Français et prennent le bois des Caurettes. Le 24 mai, Cumières tombe. Le 29 mai, les Français se replient sur la ligne qui passe au nord de Chattancourt, mais les assaillants sont arrêtés par une contre-attaque et les feux de l'artillerie française.


La Bataille de Verdun sur la rive gauche de la Meuse 
Février 1916-Août 1917 sous fond de carte actuell
e

Comme en témoigne un soldat allemand le 31 mai : « Depuis quatre jours et quatre nuits dans la tranchée, comment peut-on y résister ? Nous souffrons horriblement du feu de l'artillerie : toujours obus sur abus. La 12e compagnie n'a plus que 60 hommes de 180 qui sont montés en ligne…et pas d'eau. Le ravitaillement est impossible. Jour et nuit, pas un instant de trêve, toujours sur le qui-vive, être prêt à tout instant à faire le coup de feu, et joujours ce feu d'artillerie. Les obus ! Les obus ! fou... C’est à devenir fou ! Et voilà que ça recommence ! Le Francillon canarde. Ah! Ce Mort-Homme, c’est le plus sale coin de toute la zone des armées. Et combien de victimes ce coin a-t-il coûtées ! Combien en coûtera-t-il encore ?»

Du 4 au 24 juin, les Allemands reprennent leurs attaques et et tentent à partir du ravin de bois Camard de forcer le passage du Col de Pommérieux (Cote 290) pour tourner à la fois le bois d'Avocourt et la Cote 304. Mais les assauts, à chaque fois, sont repoussés. Les positions tenues sont globalement les positions les plus avancées qu'ils parviendront à conquérir. Les Français s'accrochent aux pentes sud des deux piliers de la défense de Verdun. 

L’offensive allemande sur la rive gauche échoue. « Ils n'ont pas passé ». Mais les régiments français et allemands fondent dans la fournaise. Les pertes dans les deux camps sont très lourdes.

La bataille de Verdun se termine fin août pour les Allemands, après le remplacement de Falkenhayn et l’échec de l'offensive du 11 juillet arrêtée près du fort de Souville. Pour les Français, elle se poursuit jusqu'à la reprise des forts de Douaumont, Vaux et l'offensive du 15 décembre qui repousse les Allemands sur une ligne proche de celle du 20 février. 

© gallica.bnf.fr


Mais, rive gauche, Mort-Homme et Cote 304, qui ont été si chèrement défendus, sont toujours aux mains des Allemands. Il faut attendre l'offensive française du 20 au 24 août 1917 pour les reconquérir, après de sanglants combats.


« La mort domine la crête d'une manière inconcevable... » écrira plus tard un témoin allemand qui se souvient des évènements vécus et des souffrances endurées. La double crête du Mort-Homme a été, avec la cote 304, au cœur des combats sur la rive gauche de la Meuse. Objet de prestige pour les attaquants et les défenseurs, Allemands et Français, l'endroit a été le théâtre de combats impitoyables, c'est ce que voulaient les généraux. Plus de 10 000 soldats français et allemands moururent en ce lieu; un nombre de combattants bien plus considérable encore y furent blessés et mutilés dans leur chair et dans leur âme pour le restant de leurs jours.


Source : Panneau d’informations sur le site du monument du Mort-Homme

Le Squelette du Mort-Homme

L’inauguration du monument - Article paru dans l'Est Républicain du 25 septembre 1922 / Source : gallica.bnf.fr

Verdun, 24 septembre
La pluie de ce matin a cessé et c’est sous un ciel encore menaçant que va se dérouler la cérémonie d'inauguration du monument aux morts de la 69e division. Dès le matin, les différents trains ont amené de nombreux pèlerins dans la région du Mort-Homme. Beaucoup d'entre eux ont fait halte à Chattancourt : anciens combattants, parents, amis, sont venus rendre un témoignage de reconnaissance aux héros connus et inconnus qui opposèrent une héroïque résistance à la ruée allemande, notamment en avril 1915.

Sous le commandement du général Taufflieb, la division qu'il commandait a écrit une page sublime de l'histoire dans la défense de Verdun.

Dans une pieuse pensée, ce chef, qui eut le grand honneur de commander de tels hommes, a voulu perpétuer la mémoire de ceux qui, par leur sacrifice, sauvèrent la France et la civilisation. Groupant de nombreux adeptes. Il a fait ériger sur le point culminant du Mort-Homme un monument digne des braves qui défendirent cette cote tragique.


Discours du général Taufflieb lors de l'inauguration du monument à la 69e Division 

Dès 13 heures, les assistants se groupent autour du monument. Les anciens combattants présents se placent sous les plis de leur drapeau et un détachement du 22e tirailleurs avec la musique du régiment, prend également la place qui lui est assignée. Les diverses autorités qui viennent assister à la cérémonie arrivent dans cet ordre : les généraux Berthelot, Aubry et Taufflieb : MM. Bègue, préfet de la Meuse ; Senné-Desjardins sous-préfet ; Chevallier, sénateur ; Lecourtier député ; Schleiter président du Souvenir Français ; Mgr Gattinois, archiprêtre de la cathédrale de Verdun, ; le major américain Wuardel et le captaine Ely, et de nombreux officiers et personnalités de la région.


La cérémonie commence par l'exécution de la « Marseillaise », après laquelle Mgr Gattinois ouvre la série des discours. Représentant Mgr Ginisty, il rend hommage aux morts de la 69e Division, qui tous sont tombés, dit-il, pour que nous restions Français. Il parle également des généraux, officiers et soldats survivants qui, tous ont vaillamment lutté en ce lieu du Mort-Homme. Il cite, pour terminer, l’extrait d'une lettre d'un général à son épouse, au cours de la guerre : « Tu penses trop à toi, tu penses trop à moi, pense à la France, pense à Dieu ! »


La Légion d'honneur est remise à un capitaine par le général Taufflieb, puis Mme Caristie Martel, connue au cours de la guerre sous le nom de « Muse des Armées », déclame avec une troublante émotion les fameux vers de notre grand poète : À ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie.


Léa Caristie-Martel, « la Muse des armées »
déclamera l’Hymne de Victor Hugo


Le général Taufflieb parle ensuite au nom des anciens soldats de la 69e Division d'Infanterie : il adresse des remerciements aux différentes autorités qui ont honoré de leur présence cette cérémonie patriotique et remercie également les amis de France et d’Amérique, qui ont collaboré à l’œuvre du monument. Il se fait l’interprète de M. Poincaré et exprime les regrets du président du Conseil, retenu à Marseille.

Le général Taufflieb confond dans le même hommage les héros du Mort-Homme de l'Yser, de la Marne, de Douaumont. Après avoir fait l’historique de la 69e Division, dont la moitié de l’effectif succomba du 11 avril au 30 mai 1916, il déclare que ces hécatombes, furent terribles, mais sauvèrent la situation périlleuse sur ce front, et il rend hommage aux troupes américaines, en rappelant le souvenir du vaillant général Pershing.

Pour terminer, le général Taufflieb, qui revient d'Amérique, fait un exposé caractéristique de l'idéal américain qui est bien fait pour nous rassurer ; il exprime la confiance en la politique de M. Poincaré, qui vient une fois de plus de mériter cette confiance dans les affaires du Proche-Orient.

Plusieurs orateurs prennent ensuite et successivement la parole : le général Audry, représentant M. Maginot, et le général de Lardemelle. M. du Chauffeau au nom du Comité franco-américain, et M. Bègue au nom du gouvernement. Tous rendent le même hommage aux héros de la 69e division. Des couronnes et des palmes sont déposées sur le monument.

Description du monument 





Article paru dans l'Est Républicain du 25 septembre 1922 / Source : gallica.bnf.fr

Œuvre du scuplteur Froment-Meurice, ce monument en pierre taillée, haut d'environ 8 mètres, est constitué par un socle d'environ 9 mètres de long sur 5 mètres de large. Il est surmonté d'un tombeau duquel sort un squelette géant tourné vers l'Est et tenant dans le bras gauche plié le drapeau de la 69e Division Le bras droit levé tient une branche de laurier.

Sur la face, on lit « Ils n'ont pas passé ! »

Puis « Aux morts de la 69e Division, soldats des 251e, 254e, 267e, 217e, 306e, 332e d'Infanterie, artilleurs, sapeurs, cavaliers, leurs admirateurs, leur camarades, leurs chefs reconnaissants », Le général Taufflieb.

Derrière, sur la face supérieure du socle, sont inscrits les noms des officiers et soldats de la 69e Division, qui tombèrent au Mort-Homme durant son séjour en avril et mai 1916.


Article paru dans le Bulletin Meusien du 1er octobre 1922 / Source : gallica.bnf.fr


Au Mort-Homme

Cérémonie du dimanche 24 septembre

Le discours du général Taufflieb est un éloquent historique de l’admirable défense de la position du Mort-Homme :

« Mes chers amis, l’éminent maître M. Jacques Froment-Meurice, dans un superbe monument, a sculpté avec son ciseau la France victorieuse qui exprime sa volonté de vivre, malgré toutes ses régions dévastées ; ce soldat, déjà à moitié entré dans la mort, qui se réveille en brandissant le laurier de la victoire, fixera sur ce sommet empierré d’ossements le souvenir des luttes opiniâtres, des sacrifices innombrables qui ont préservé l’intégrité de la patrie. Toutes ces morts, n’auront point été inutiles puisqu’elles auront permis à la France de vivre. Terre millénaire du sacrifice, la France a accepté, une fois de plus, en ces lieux, le sacrifice de 6000 de ses enfants, pour pouvoir continuer à porter le flambeau auquel s’éclairent toutes les nations du monde civilisé. »


Extrait de La Renaissance de l’art français et des industries de luxes ; directeur Henri Lapauze 1922 / Source : gallica.bnf.fr 

Un Monument aux Morts au Mort-Homme
Évoquant le chef-d'œuvre de Ligier-Richier (le Transi de René de Chalon), M. Barrès émettait le vœu, dans un brillant article, qu'un sculpteur commémorât un jour, sous la forme d'un squelette sortant d'un tombeau, la somme de sacrifices consentie par nos soldats.

Au moment où paraissait cet écrit, le sculpteur Froment-Meurice avait déjà soumis au Comité du Monument aux défenseurs du Mort-Homme que préside le général Taufflieb, sénateur de Strasbourg et ancien commandant de la 69e Division, la maquette d'une statue figurant la mort qui brandit un drapeau.

Le moyen âge était familier de ce genre de symboles. Holbein et Dürer, dans l'œuvre desquels l'esprit gothique triomphe si souvent de la forme renaissante, évoquent la mort dans une série de danses macabres et, beaucoup plus tard, le Cavalier Bernin introduit son image dans le monument du pape Alexandre VII. Si le style classique de la haute Renaissance excluait de semblables modes d'expression, le Baroque, cette synthèse des antithèses, joint le réalisme classique au mysticisme médiéval, et restitue à l'art statuaire les éléments d'action spirituelle. 

Des œuvres authentiques militent donc en faveur de la conception de M. Froment-Meurice, et constituent sa meilleure arme de défense théorique. Mais cette conception une fois admise, il restait à mettre sur pied une statue capable de la justifier. M. Froment-Meurice n'a pas failli à sa tâche ; il réalisa une œuvre qui émeut tout en s'imposant par ses vertus spécifiquement plastiques.


Le monument à la 40e division 

Le monument à la 40e Division


Le monument à la 40e Division

À une centaine de mètres du monument à la 69e Division, a été élevé, le 28 mai 1939, un monument de granit à la mémoire de la 40e division d'infanterie sur lequel est gravée une épée et inscrite la phrase : "Qui que tu sois, Français qui passe, arrête toi et salue. Donne un peu de ton coeur à ceux qui sont morts ici pour toi".


Article du quotidien Excelsior daté du 29 mai 1939 / Source : gallica.bnf.fr

Inauguration au Mort-Homme du monument élevé à la gloire de la 40e division d'Infanterie

VERDUN, 28 mai. - Par un temps mi-nuageux, mi-ensoleillé, le général Loizeau, commandant la 6° région, a présidé ce matin l'inauguration du monument élevé, au Mort-Homme, à la gloire de la 40° division d'infanterie, qui tant devant Verdun qu'en divers points du front français, écrivit une des pages les plus émouvantes de la guerre. 

Plusieurs milliers d'anciens combattants, venus notamment de Paris, ont assisté à la cérémonie. M. Toussaint, capitaine de réserve, secrétaire général du comité organisateur, a prononcé une allocution dans laquelle il a dit notamment : « Que ce monument de granit rappelle à tous le sacrifice de nos camarades et montre à tous que lorsque des hommes de toutes les classes veulent résister et défendre le sol de la liberté ils y arrivent. Nous avons eu des pertes, oui, mais le résultat est la : ils ne sont pas passés ! »

Entre le monument à la 69e Div. et celui à la 40e Div.

06/04/2022

Monument « Honneur et reconnaissance aux femmes des territoires » (Verdun)

« Ce monument national fut élevé en hommage aux femmes de France et d'Outre-Mer qui, au cours des conflits 1914/1918 et 1939/1945, ont tenu un rôle essentiel pour le succès de la Nation. En l'absence des maris et des fils mobilisés ou prisonniers, avec courage et discrétion, elles s'impliquèrent et contribuèrent souvent au prix d'immenses sacrifices à l'éducation des enfants, à la production de l'alimentation de nos armées et de nos populations, à la conservation du patrimoine et des outils de travail, au maintien du moral des êtres chers au combat ou en captivité.

Sans aide, sans allocations familiales, sans Sécurité Sociale elles ont tenu, elles ont assumé. Durant un siècle, leur abnégation pourtant n'a jamais, ou si peu, été reconnue ni célébrée vraiment au Pays des Droits de l'Homme, malgré les promesses du Gouvernement en 1914 notamment.

A l'occasion du Centenaire de la Bataille de Verdun, l'Association des Médaillés de l'Ordre du Mérite Agricole de Meuse et la Section des Anciens Exploitants Agricoles, ont décidé d'ériger cet édifice en mémoire de ces grandes oubliées de l'Histoire.

La Municipalité de Verdun a offert le terrain sur lequel cette stèle se trouve implantée. Une souscription nationale a été lancée avec succès pour assurer le financement de l'œuvre.

Le sculpteur meusien Denis MELLINGER dit « MELDEN » particulièrement inspiré, a conçu et réalisé ce monument en pierre de Savonnières-en-Perthois (55). Son inauguration eut lieu avec ferveur le 19 juin 2016 devant une assistance particulièrement nombreuse. »

Sénateur Rémi HERMENT, Président d'Honneur AMOMA 55



HOMMAGE AU MONDE RURAL ET AUX AGRICULTRICES EN PARTICULIER

Pour le centenaire de la bataille de Verdun 1916 - 2016

« Les guerres ont laissé de grandes saignées dans nos campagnes et d'immenses champs de ruines dans nos paysages ruraux. Les paysans avaient commencé la moisson et les labours sans se douter que le canon et la mitraille creuseraient le reste des sillons sur la terre de notre campagne meurtrie. Les hommes de nos villages ont dû quitter leurs « frusques » pour endosser l'uniforme. Tout cet élan pour une guerre qui devait être courte, mais hélas le temps a passé dans un face à face interminable..

L'homme a quitté sa ferme sans crier gare, le monde a chaviré et les femmes comprennent vite qu'un énorme labeur va leur « tomber dessus ».

Femmes de cœur et femmes de vertus, toutes les « petites mains » sont mises à contribution pour continuer à « assurer » le travail de la terre. Dans un élan commun de solidarité, la guerre oblige ces femmes à assurer les tâches agricoles journalières. Avec courage et dignité, elles retroussent leurs manches pour traire les animaux, tenir la fourche, semer, planter et récolter les produits agricoles nécessaires à la vie quotidienne de la population française en émoi.

Femmes de cœur et souvent femmes de misère, elles élèvent les enfants, elles veillent sur les vieux parents et mettent journellement toute leur énergie pour la famille, faire bouillir la marmite et maintenir en vie l'exploitation familiale pendant que les hommes s'envoyaient tant d'obus meurtriers par-dessus la tête.

Honneur à ces millions d'agricultrices, ouvrières agricoles et épouses d'exploitants, femmes courageuses et dignes qui dans cette période de sacrifice et de douleur ont assuré sans faillir la survie de l'agriculture française avec la volonté de continuer a vivre pour rendre possible un avenir meilleur.

Cette guerre a été pour beaucoup d'entre elles douloureuse, la mort et blessures physiques et morales d'un mari, d'un fils, frères et oncles ont obligé ces femmes courageuses à continuer pendant de longues années les lourdes charges de travail. »

Denis Mellinger, Sculpteur

 







L’inauguration du 19 juin 2016

Affiche de B. Chavannaz réalisée pour l’emprunt national de 1918 (source : gallica.bnf.fr) 

APPEL AUX FEMMES FRANÇAISES, LE 6 AOÛT 1914

Ce document imprimé est un placard. Au  début du XXe siècle, c’est un moyen efficace pour informer les populations des évènements officiels. C’est encore l’époque des écrits publics (les journaux existent mais sont encore peu diffusés auprès des classes populaires). Ces placards sont affichés dans les lieux publics et servent de relais d’information entre les élus et la Nation.

Passé à la postérité sous le nom « d’appel de Viviani », il relate le discours officiel prononcé dès la mobilisation par le président du Conseil René Viviani (1863-1925) devenu président du Conseil en juin 1914.  Ce discours illustre un aspect nouveau de la guerre qui commence : alors que nous ne sommes qu’en août 1914 (début de la mobilisation), le Président du Conseil lance un appel à la mobilisation des femmes et des enfants, donc des civils, pour participer activement à l’effort de guerre. Cela annonce l’aspect total du conflit.

TIMBRE 1940 - ŒUVRES DE GUERRE - LA FEMME AU LABOUR (André Spitz)




21/02/2022

Le monument en hommage au lieutenant-colonel Driant et à ses chasseurs (Bois des Caures)

En 1922, le Souvenir français décida de rendre hommage, sur le champ de bataille, aux soldats des 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied et à leur chef le lieutenant-colonel Driant. 

Le monument en hommage au Lt-colonel Driant et à ses chasseurs

L’inauguration du monument le 22 octobre 1922 
[Source : L’Écho de l’Ossuaire de Douaumont et des champs de bataille de Verdun - Gallica]

Au Bois des Caures, on honorait le colonel Driant et ses chasseurs. Tout près de l'endroit où il tomba mortellement frappé, et au bord de la route qui traverse le. Bois des Caures, un sculpteur, Grégoire Calvet, a taillé dans la pierre, tirée dés carrières de Rupt-en-Woëvre. Une forêt de petites croix se détache dans un flou voulu : leurs formes idéalisées viennent aboutir à une croix beaucoup plus grande, dont les bras semblent barrer l'horizon d'un obstacle infranchissable. Une main s'élève sur le fût supérieur de la croix, comme pour repousser l'envahisseur, même par delà la mort. Au-dessus, est gravée l'inscription : « On ne passe pas ! »

Tout en haut du fût se profile la silhouette des avancées de Verdun sauvé. Sur le socle, se lit cette inscription : « Au colonel Driant et à ses Chasseurs ». Enfin, devant le monument, une simple dalle de pierre indique l’endroit ou est inhumé le corps du brave colonel et les onze Chasseurs, non identifiés, retrouvés dans ce secteur. Le vœu du grand chef se trouve réalisé; il repose près de ses Chasseurs ! 

Grégoire Calvet sculptant le monument dans les carrières de Rupt-en-Woëvre

Le monument en 1922
Il est 2 h, et, en présence d'une foule nombreuse, entourée des ministres, généraux et parlementaires, commence la cérémonie d'inauguration du monument. Devant le monument, les fanions des bataillons sont rangés, ainsi que la fanfare du 16e bataillon, devant la croix de pierre a été placé le drapeau des Chasseurs à pied venu de Grenoble.

La foule et les porte-drapeaux devant le monument le 22 octobre 1922.

M. Maginot prend le premier la parole. Il lit, en commençant, un télégramme d'excuse de M. Polncaré, qui n'a pu quitter Paris, mais qui assure Mme Driant et ses vaillants camarades les Chasseurs à pied, qu'il est de cœur avec eux ». Après avoir dit que le colonel Driant, digne successeur des Roland, Jean le Bon, Bayard, Chevert, d'Assas, Beaurepaire, etc. a été une des plus nobles émanations de cette âme française à laquelle notre pays doit sa force et son rayonnement. le ministre évoque la jeunesse studieuse du héros, sa carrière d'officier, succès dans la politique, enfin, sa conduite héroïque pendant la guerre. […] 

De gauche à droite : G. Bègue (préfet de la Meuse) A. Maginot, E. de Castelnau 
Émile Driant (11 septembre 1855 - 22 février 1916)

Suivront des discours du général de Castelnau, de Victor Schleiter, président du Souvenir français (futur député de la Meuse et maire de Verdun), Désiré Ferry, député de Meurthe-et-Moselle, de l’académicien Maurice Barrés qui salue l’œuvre littéraire de Driant, du sénateur François Marsal et enfin de Mgr Ruch, évêque de Strasbourg qui vient fermer la série des discours. Ceux-ci terminés, la fanfare joue la Sidi-Brahim et le général Boichut fait rendre les honneurs au glorieux drapeau des Chasseurs de Driant. Avant les discours, le monument avait été béni par Mgr de la Celle, évêque de Nancy, et une absoute donnée par Mgr Ginisty, évêque de Verdun.

Source  des photos d’archives : Gallica


Réédition en 2016 du timbre de 1956 : "COLONEL DRIANT 1855-1916"



Le monument 100 ans plus tard

18/02/2022

Le monument aux Michaux (Bar-le-Duc)

 Un enfant joufflu représentant le génie du vélo, placé devant un vélocipède, vante l’invention de la pédale par les Michaux père et fils en 1861, permettant ainsi au cycle d’évoluer de la draisienne vers le vélocipède. Conçu par Édouard Houssin, l’ensemble sculpté en bronze fut fondu en 1942 [et remplacé par une copie en fonte peu après la Seconde Guerre mondiale]. 

Le monument commémoratif remplace une fontaine édifiée en 1756 pour pourvoir aux besoins de ce quartier. Venant des sources de Popey, l’eau sera néanmoins déclarée dangereuse à la consommation et interdite en 1781. Une pompe alimentée par un puits  permit toutefois aux habitants de trouver de l’eau à cette emplacement jusqu’au XIXe siècle. Cet ensemble bâti dans un angle incurvé présente une structure classique associant pilastre ionique, niche à coquilles, cartouche rocaille et fronton triangulaire.

Ouvrant sur la rue du bourg, le monument est construit à l’emplacement d’un ancien bastion qui protégeait une des trois entrées de ce quartier au Moyen Âge.  [Source : panneau d’informations]



L’inauguration du monument (Source : Le Véloce-sport du 4 octobre 1894)

Deux bonnes heures que les Barisiens sont sur pied, c’est aujourd’hui dimanche et jour de l’inauguration du monument de deux enfants de la ville, c’est donc pour tous une double fête. Le rassemblement se fait à l’hôtel de ville,  ancienne propriété du Maréchal Oudinot […] 

À 10 heures, la foule, massée sur les trottoirs, applaudit, et le cortège arrive ainsi au bout de la rue de l’Entre-deux-ponts à un carrefour où se trouve le monument que recouvre un immense voile tricolore. Le cortège prend place dans l’enceinte réservée, cependant que la foule, que maintient à grand’ peine, la police, se masse alentour. Le voile tombe tandis que la fanfare attaque la Marseillaise, écoutée par tous debout et tête nue. Un tonnerre de bravos éclate quand on découvre le monument, d’un effet à la fois imposant et gracieux, formant une niche circulaire. C’est au milieu, sur un piédestal, qu’un gentil petit génie s’appuie gracieusement sur une draisienne de l’époque.



Source : Gallica


Le côté gauche porte en lettres rouges dans la pierre blanche :

PIERRE MICHAUX 1813-1883

« L’an 1756, sous le règne de Stanislas, duc de Bar, la niche centrale de ce monument a été érigée sur les plans de M. Montluisant, ingénieur des ponts et chaussées de Lorraine, pour une fontaine alimentée par les eaux de Popey. »


                 

De l’autre côté, comme pendant, cette inscription :

ERNEST MICHAUX 1842-1882

« L’an 1894, sous l’administration de M. Charles Busselot, maire, avec le concours du Comité parisien présidé par M. Pierre Giffard, l’ancienne fontaine a été restaurée et agrandie pour recevoir le monument de Pierre et Ernest Michaux. »

Le timbre VÉLOCIPÈDE Pierre et Ernest MICHAUX (1983)

 

Dessiné et gravé en taille-douce par Jean Delpech
Vente anticipée le 1er octobre 1983 à Bar-le-Duc (Meuse) et Paris 
Vente générale le 3 octobre 1983
Source : wikitimbres.fr 

Ernest Michaux en 1868
(Source : Gallica)