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14/12/2022

Le Sépulcre de Saint-Mihiel

Le Sépulcre de Saint-Mihiel ou Mise au tombeau de Ligier Richier est un groupe sculpté du XVIe siècle conservé à l'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel. C’est la dernière œuvre connue de l’artiste sammiellois avant son départ pour la Suisse (suite à sa conversion au protestantisme). Restauré au début des années 2000, cet ensemble est, sans conteste, l'œuvre la plus aboutie des productions de Ligier Richier, comme le confirme la description plus qu'élogieuse de Dom J. de l'Isle en 1757 : « [...] travaillée avec tant d'art et de délicatesse qu'elle est regardée par les habiles connaisseurs comme une merveille du monde ». 

Vue d’ensemble du Sépulcre de Saint-Mihiel

Le Sépulcre aurait été exécuté entre 1554, date de l'achèvement de la chapelle des Princes à la collégiale Saint-Maxe de Bar-le-Duc aujourd'hui disparue, et 1564, année du départ précipité de Ligier Richier pour Genève. Son fils Gérard l'aurait, à son retour en France, installé dans une des chapelles de l'église Saint-Etienne, à son emplacement actuel. Il devait probablement s'inscrire dans un programme plus vaste comportant une scène de crucifixion, ce qui pourrait expliquer la présence de personnages extérieurs aux représentations traditionnelles de la Mise au tombeau. Ce thème iconographique connut un grand engouement à partir du XV siècle, notamment en Lorraine où sont conservées plus de quarante «Mise au tombeau» sculptées en ronde-bosse. La prouesse de l'artiste réside dans sa capacité à introduire du rythme et de la vie dans une scène dominée par la mort. Les personnages, saisis sur le vif, semblent s'animer sous nos yeux.

L'influence de l'art italien, dont Ligier Richier a pu s'imprégner à travers la diffusion dans toute l'Europe de gravures, se fait sentir dans sa parfaite maîtrise de l'espace et de l'anatomie. La souplesse des attitudes et de la gestuelle, le soin apporté au rendu des expressions des visages, et le raffinement des vêtements font de cette œuvre l'une des pièces majeures de l'art de la Renaissance en Lorraine.

Le Sépulcre apparaît sur la première liste des monuments historiques de 1840 établie par Prosper Mérimée et est classé aux monuments historiques en 1907 avec l'église. Un moulage du Sépulcre est exposé à la Cité de l’architecture dans le département du Musée des Monuments français. Ce moulage est entré dans les collections du musée en 1895 et 1899, et fut complété en 2005, pour les moulages des murs et voûtes intérieurs de l’enfeu, par l’entreprise Mérindol.

Moulage du Sépulcre - Musée des Monuments français - Cité de l’architecture - Paris
Photo Wikimedia Commons

Description proposée par le panneau d’informations in situ


Le corps du Christ porté par Nicodème et Joseph d'Arimathie occupe le centre de la composition. Marie-Madeleine s'incline humblement à ses pieds. 

Dans l'axe, la Vierge qui s'affaisse sous le poids de la douleur, est soutenue par saint Jean et par une sainte femme. Un ange tenant les instruments de la Passion clôt la composition. A gauche, une sainte femme prépare le tombeau du Christ. A droite sont figurés plusieurs personnages habituellement absents des représentations de la Mise au tombeau. Au premier plan, une sainte femme tient la couronne d'épines. Derrière elle, saint Longin est identifiable à la lance qu'il tient dans la main gauche et dont il ne reste que l'extrémité. A l'arrière-plan, deux soldats jouent aux dés la tunique du Christ. 

Menacée par la remontée par capillarité des eaux présentes dans le sol, le Sépulcre a fait l'objet d'une importante campagne de restauration en 2003. Ces travaux ont permis d'assainir la chapelle et d'isoler les sculptures afin que les sels, présents dans l'eau, cessent de dégrader l'œuvre.

A cette occasion, une étude détaillée des sculptures a été confiée à la restauratrice Florence Godinot. Cette étude a mis en évidence la technique de Ligier Richier. L'artiste esquissait sur le bloc les contours de la figure avant de le tailler. Après l'avoir dégrossi, il le travaillait à l'aide de ciseaux, d'une gradine (ciseau muni de dents) et d'une ripe (outil recourbé). Certains détails des chevelures étaient réalisés au trépan (sorte de foret). Des goujons (sortes de chevilles) en os étaient utilisés pour assembler deux éléments. Plus de quatre cents ans après sa réalisation, les traces présentes à la surface de l'œuvre ont donc permis de reconstituer les gestes de son créateur.

Le 17 octobre 1988, l'administration des PTT émet un timbre-poste dans le cadre de la célébration du Sépulcre de Saint-Mihiel. La dessinatrice du timbre est Huguette Sainson.


Timbre-poste émis le 17 octobre 1988 - Wikitimbres


Description du Sépulcre rédigée par l’abbé Souhaut en 1883


« Au premier plan vous apparaît le corps du Christ, dans ce moment solennel, où Joseph d'Arimathie, aidé de quelques  amis et de plusieurs saintes femmes, s'apprête à l'ensevelir dans le tombeau qu'il avait fait creuser pour sa propre famille, non loin du sommet du Calvaire. Ce disciple dévoué, vous le voyez à votre gauche, tenant  sur l'un de ses genoux les jambes du Sauveur, pendant que Nicodème en supporte la tête et la poitrine. Au second plan, et un peu plus haut, afin de mieux observer la perspective, Marie, mère de Jésus, s'évanouit sous le poids de sa douleur. A la vue de son fils inanimé, elle s'affaisserait sur elle-même, si elle n'était respectueusement soutenue par saint Jean et Marie Cléophée, aïeule du disciple bien- aimé. 

Gravure figurant dans « Les artistes célèbres
Ligier Richier, sculpteur lorrain du XVIe siècle » 
par Charles Cournault - gallica.bnf.fr

Sept autres personnages complètent le groupe. Aux pieds du Christ, Madeleine agenouillée, effleure délicatement de ses doigts et de ses lèvres les pieds de son divin Maître. Véronique lui fait pendant ; droite, derrière Nicodème, elle contemple la couronne d'épines, qu'elle tient pieusement entre ses mains tremblantes. 

À votre gauche, dans l'enfoncement de la grotte, vous distinguez le Sépulcre et Salomé qui étend le linceul destiné à envelopper la sainte dépouille du Christ. 

À l'angle opposé, le centenier dont parle l'Écriture, réfléchit sur les événements mystérieux dont il a suivi l'accomplissement depuis le prétoire jusqu'à ce moment du grand drame de notre Rédemption. 

Placés comme intermédiaires entre les deux lignes principales du groupe, à droite, deux soldats accroupis devant un tambour, tirent au sort le prix de la robe du Christ ; à gauche, un ange tenant en main une croix, s'incline pieusement vers la Mère de douleurs, lui apportant, avec des paroles de condoléance, la promesse de la Résurrection. »

Le Christ soutenu par Nicodème

Le Christ, Nicodème et sainte Véronique
Sainte Véronique portant la couronne d’épines

Joseph d'Arimathie, un genou à terre, l'autre soutenant le Christ


Description du Sépulcre rédigée par Auguste Lepage en 1868


« L'église Saint-Etienne est très ancienne. Détruite et rebâtie plusieurs fois, le génie de Richier y a laissé l'œuvre la plus brillante qu'un artiste religieux puisse rêver. Dans une excavation située dans un des bas-côtés de l'église se trouvent réunies treize statues de pierre représentant les personnages qui mirent Jésus-Christ au tombeau. Le corps du divin martyr, soutenu par Joseph d'Arimathie et Nicodème, n'a pas encore la roideur qui est la marque distinctive de la mort. La figure du Christ respire la souffrance. Les deux disciples portent avec précaution leur précieux fardeau ; ils sont fatigués, et ils attendent qu'une des saintes femmes ait étendu dans le tombeau le suaire et les linges pour y déposer le corps du crucifié. Madeleine, à genoux aux pieds du Christ, attire principalement l'attention du visiteur ; c'est, je crois, le morceau capital de l'œuvre. Sous la femme convertie on devine la courtisane. Sa toilette est riche, sa poitrine opulente, et sous ces grands yeux qui pleurent la mort du Maître on sent une vague réminiscence de la femme d'autrefois ; cependant une douleur immense est peinte sur sa figure. L'artiste a admirablement saisi cette physionomie de Madeleine, qui a toujours tenté les peintres de toutes les époques.

Une autre femme tient dans ses mains la couronne d'épines ; elle contemple douloureusement cet instrument de honte posé par ses persécuteurs sur la tête du Christ. Au second plan, c'est le disciple bienaimé Jean, et une autre femme, soutenant la Vierge anéantie par la douleur. Ici encore se fait remarquer la grande habileté de l'artiste. Je l'ai dit déjà, sur les traits de Madeleine on peut lire sa vie ; on voit, on sent que la sainte qui pleure aux pieds de Jésus a à se reprocher des fautes graves. La douce figure de Marie, au contraire, annonce une vie pure, une conscience tranquille ; l'idée même du mal n'a jamais pénétré dans ce cœur tout plein de l'amour de son fils. La vue du tombeau qui va renfermer le corps du Christ produit sur Marie un effet tel, qu'elle s'évanouit. »

Vitrail de l'église abbatiale Saint-Michel à Saint-Mihiel, représentant 
le Sépulcre de l'église Saint-Étienne 
Le vitrail est signé en bas à droite : Nicolas Lorin, Chartres.

« Un centurion, assis sur son bouclier, contemple d'un œil étonné cette scène de douleur ; sur sa figure mobile se reflètent ses pensées ; il repasse dans son esprit les épisodes terribles du procès de Jésus-Christ ; il songe aux moyens que ses ennemis ont employés pour le faire condamner, et, tout en accomplissant ponctuellement sa consigne, il se dit que le supplicié était innocent. 

Deux de ses soldats jouent aux dés. Leurs figures expriment la cupidité ; ils ne prêtent aucune attention à ce qui se passe sous leurs yeux ; on devine que la partie est intéressée ; en effet, il s'agit des dépouilles du crucifié. 

Autant que je l'ai pu, j'ai fait ressortir les beautés contenues dans l'espace relativement étroit creusé dans l'église de Saint-Étienne. Chaque statue est un chef-d'œuvre d'anatomie : chose étonnante pour ce siècle, où un médecin disséquant un cadavre eût été regardé comme un criminel et peut-être condamné comme tel ! Dans les œuvres de Michel-Ange se fait remarquer la même perfection anatomique, et cette ressemblance entre ces deux génies vient à l'appui de ceux qui pensent que Richier a été réellement l'élève du grand sculpteur italien.

La pierre dont s'est servi Richier est blanche, d'un grain très fin ; mais elle est tendre : par conséquent l'humidité du sol finira, si l'on n'y prend garde, par dégrader de plus en plus ce beau morceau de sculpture. Il a été question de le déplacer; ce serait une faute très grave ; il est parfaitement à sa place, et ce qu'il y aurait à faire serait tout simplement de dessécher le sol, ce qui n'est pas impossible. Le sépulcre doit rester où il est actuellement, et ce serait une profanation, au point de vue de l'art, de vouloir le transporter dans un musée quelconque. »

Au centre, la Vierge en pâmoison.
À gauche de la Vierge,  Marie Cléophée et à droite, saint Jean

Saint Jean soutenant Marie


Marie Salomé déposant le linceul (Photo Wikimedia/Vassil)

Un ange tenant les instruments de la Passion

Marie-Madeleine baisant les pieds du Christ


Marie Salomé - Saint Longin le centurion 

Les deux soldats jouant la tunique du Christ aux dés


L’Est Républicain nous précise que la réhabilitation du Sépulcre de Ligier Richier a couté 248.292 €. La participation des différents partenaires a été de l’ordre de 40% pour la DRAC (Etat), 25% pour la région lorraine, 20% pour le conseil général et 15% à la charge de la ville de Saint-Mihiel, dont le directeur de la direction des affaires culturelles a souligné «l’immense richesse patrimoniale et artistique». Il est à noter que l’école d’architecture de Nancy a entrepris la numérisation de l’oeuvre du sculpteur sammiellois à l’aide d’un laser en trois dimensions.

Le Sépulcre est protégé par une grille en fer forgé


Sources 

  • Plaquette « La route Ligier Richier, pérégrination à la rencontre d’un sculpteur de la Renaissance » 
  • Panneau d’informations situé sur place 
  • Comité Départemental du Tourisme de la Meuse - Texte : Marion Méraud, Maryline Nicollet, Pierre-Hippolyte Penet (2017)
  • L’Est Républicain du 28 octobre 2010 [Article de Jean-Pierre Leloup]
  • Ligier Richier, Auguste Lepage - Académie des bibliophiles (1868)
  • « Les Richier et leurs œuvres », Abbé Souhaut (1883)
  • Ligier Richier, statuaire lorrain du XVIe siècle, Charles Cournault (1887)

20/11/2022

Chapelles latérales de l’église Saint-Nicolas (Marville)

Aux XVe-XVI siècles, l’église Saint-Nicolas de Marville fut agrandie de six chapelles (deux au sud et quatre au nord), fondées par de riches bourgeois ou des corporations.

Chapelles sud vues de l’extérieur
Plan de l’église Saint-Nicolas de Marville
©️ gallica.bnf.fr

La chapelle des Pelletiers

Autrefois nommée chapelle Colligon-Wandel, érigée en 1479, la chapelle Notre-Dame-des-Pelletiers abrite un tabernacle d’autel qui fut malmené lors de la démolition de l'ancien maître-autel. Les premiers tabernacles d'autel ont été construits dans nos régions au XVI siècle : très haut placés au-dessus du retable, ils sont entièrement ajourés et ferment par une porte située à l'arrière. Sans être une exclusivité lorraine, ils sont ici plus fréquents qu'ailleurs.



Il est encadré d'une Vierge douloureuse, en pierre, du XVe siècle, provenant d'un calvaire et d'une statue en pierre peinte polychrome de saint Antoine tenant dans sa main droite le livre de la règle des Antonins. À ses pieds, se trouvent le cochon et les flammes représentant le mal des Ardents, appelé aussi « feu de Saint-Antoine » (ergotisme). Le lard était autrefois utilisé pour soigner cette maladie. Cette statue date également de la première moitié du XVe siècle, elle provient de l'église des Antonins de Marville, ruinée en 1636 par les troupes lorraines.
La Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame du Crédon provient de la chapelle du Crédon, située sur la route de Delut, construite il y a plusieurs siècles en mémoire d'une guérison miraculeuse. Elle était dédiée à la Vierge mais fut détruite aux environs de 1880. Lors de la démolition de cette chapelle, la statue faillit être brûlée ; quelqu'un l'acheta et par le jeu des héritages, elle se trouva un temps à Ham-lès-Saint-Jean ; elle fut évacuée en 1940, puis ramenée ; sa dernière propriétaire l'a offerte à l'église de Marville à condition qu'elle y demeure.

    
À gauche, Notre-Dame du Crédon

La chapelle Sainte-Fine


Cette chapelle construite à là fin du XVe siècle est unique dans la région. En effet, elle possède deux niveaux ! Deux volées d’escaliers à rampe en fer forgé permettent d’accéder au niveau supérieur.  On y remarquera deux petits autels de pierre. Sous un dais surmontant l’autel, est peinte une sainte Fine (ou sainte Foy) datant du XVIIIe ou XIXe siècle. L’inscription latine Sancta Fides Ora Pro Nobis signifie « Sainte Foy, priez pour nous. » Le culte de sainte Fine fut introduit par les pèlerins venant de Saint-Jacques de Compostelle, via Conques où est vénérée cette sainte (abbaye Sainte Foy).

 

Une statuette en bois de la sainte faisait l’objet chaque année d’un pèlerinage pour demander la grâce du baptême et la persévérance dans la foi pour les enfants à naître ainsi que la guérison de la surdité et des maux d’oreille. La clé de voûte est ornée du voile de sainte Véronique : la Sainte Face représentée sans couronne d’épines, comme ce fut souvent le cas au XVe siècle. Le rez-de-chaussée présente une porte qui sert de sortie côté Nord de l’édifice et qui est ornée d’un linteau en anse de panier sculpté d’un pélican, symbole du Christ, avec trois petits dans son nid. À noter également une bannière de procession datant du XXe siècle représentant sainte Fine et le gril, son attribut traditionnel.

La chapelle Sainte-Fine et ses deux niveaux 


Clé de voûte représentant la sainte Face
Le Pélican nourrissant ses petits 

La chapelle du Saint-Sépulcre


Elle abrite un Christ mort en bois polychrome, du XVI° siècle qui est la pièce maîtresse de l'autel composite du XVII siècle, autel dont le tombeau précisément est construit autour des fragments d'un retable aux 12 apôtres et d'une stèle funéraire, tous deux du début du XVe siècle, qui furent cassés à cet effet. Au-dessus, le retable ne possède plus son tableau mais présente à la place un Christ en croix en bois polychrome datant probablement du XIXe siècle.

L’autel composite de la chapelle du Saint-Sépulcre
Le Christ mort
  

Elle abrite également la plaque funéraire d’un noble de Marville, Antoine de Failly, décédé en 1588. Il était le fils de Ferry de Failly, prévôt de Marville pour la part de Bar et de Claude des Armoises, et petit-fils de Thomas de Failly, également prévôt de Marville et de Catherine du Ménil. D'après la tradition, ces derniers sont représentés à l'intérieur des médaillons décorant la façade de la chapelle Sainte-Croix (voir photo ci-dessous). Thomas était, en effet, l'un des exécuteurs testamentaires d'Arnould Goujet, curé de Petit-Failly, le fondateur de cette chapelle.



La chapelle Saint-Georges (aujourd’hui chapelle Saint-Antoine)


Cette chapelle a été édifiée en 1536. Les onze clefs de la voûte à liernes et tiercerons et les deux médaillons au sommet des ogives des murs latéraux représentent le Christ et les douze apôtres. La chapelle abrite une statue en bois polychrome de saint Antoine de Padoue, datant du XVIIIe siècle.

Dais du XVIe siècle surmontant l’autel

Sur l'autel, un tableau également du XVIIIe siècle, rassemble les deux grands saints de l'ordre franciscain, saint François et sainte Claire. En 1224, au mont Alverne, saint François d'Assise reçoit les stigmates. D'après Thomas de Celano, son biographe, le Christ lui serait apparu sous l'aspect d'un homme ayant six ailes, comme un séraphin, et attaché à une croix. Le thème évolua et le séraphin se changea en Christ nimbé apparaissant sur la croix. De ses cinq plaies partaient d'abord des rayons dorés, puis ce sont des jets de sang qui viennent imprimer leurs marques rouges sur le corps du « nouveau Christ ». En 1241, les Sarrasins escaladaient les murs du couvent de Saint-Damien pour le piller. Sainte Claire d'Assise se porta à leur rencontre, présentant le Saint Sacrement, et les mit en fuite. Elle est ici représentée avec la monstrance (ostensoir) qui est devenue son attribut.

La voûte de la chapelle Saint-Antoine
Saint Antoine de Padoue

La chapelle Sainte-Croix (aujourd’hui chapelle Saint-Joseph)


Cette chapelle a été érigée en 1517 et l’on retrouve probablement le portrait de son commanditaire, Georges de Failly sur la clé de voûte centrale (à moins qu’il ne s’agisse du portrait d’Arnold Goujet, curé de Petit-Failly à qui le couple de Failly a laissé une partie de leur héritage pour qu’il fonde cette chapelle.) Les quatre autres clés de voûte représentant le soleil et la lune (firmament mystique symbolisant l’universalité du sacrifice du Christ) et deux fleurs dont une fleur de lys. La chapelle abrite également un lavabo gothique flamboyant du XVIe siècle. 

Clé de voûte centrale de La Chapelle Sainte-Croix
Détails de l’autel de la chapelle Saint-Joseph
Lavabo gothique flamboyant du XVIe siècle


La chapelle du Jour et de l’Aurore (aujourd’hui chapelle de la Vierge)


Érigée en 1472, c’est la plus ancienne des 6 chapelles latérales de l’église. Elle a la particularité d’être une chapelle double, mais contrairement à la chapelle Sainte-Fine construite sur 2  niveaux, celle-ci n’occupe qu’un seul niveau mais sur 2 travées. 

Chapelle du Jour et de l’Aurore (ou chapelle de la Vierge)
Vierge des Lépreux

On y trouvera une belle Vierge couronnée de la fin du XIIIe siècle qui ornait autrefois le trumeau du portail ouest de l’église. Élancée, élégante, très légèrement déhanchée, elle est vêtue d'un long manteau aux plis harmonieux. Elle est malheureusement amputée de ses bras et l’Enfant qu'elle portait sur son bras gauche a disparu.

Vierge couronnée de la fin du XIIIe siècle

L’une des deux travées de la chapelle offre 5 clefs de voûte représentant les symboles des quatre évangélistes entourant un Christ ressuscité.

 
Le Christ ressuscité entouré par les quatre évangélistes 

Sous la verrière sont déposés des fragments d’un retable du XIVe siècle qui représente au centre la Crucifixion.
Crucifixion (fragment du retable du XIVe siècle)

Au sol, la dalle funéraire en marbre noir de Pierre Mengin, ancien maire et lieutenant-prévôt du duc de Lorraine, décédé en 1636, et de son épouse Glaudon Brigant en 1624, rappelle les fondations faites par leurs soins à la chapelle du Jour et de l'Aurore. Elle pourrait être l’œuvre du sculpteur-marbrier Charles de Langres, de Verdun, auteur dans la même église de la dalle funéraire du prieur Louis Jappin décédé en 1625. Au centre, des anges soutiennent un soleil dont l’intérieur possède le monogramme du Christ. Aux quatre coins, sont gravés dans des médaillons les symboles des quatre évangélistes. 


Dalle funéraire de Pierre Mengin

L’autel néo-gothique de la Vierge est l’oeuvre du sculpteur nancéien Jules Laurent (1871). Il a été érigé de manière a utilisé les 3 dais du XVe siècle qui le surmontent. Au niveau supérieur, une Vierge à l’Enfant est encadrée par le roi David accordant sa harpe et le prophète Isaïe. Au niveau inférieur,  cinq hauts-reliefs décrivent des scènes bibliques liées à la vie de Marie : l’Annonciation, la Visitation, la Présentation de Marie au Temple, la Déploration du Christ et la Dormition de la Vierge. 

Autel de la Vierge (1871)

De gauche à droite : l’Annonciation, la Présentation de Marie au Temple, la Visitation

Sources 

  • Société française d'archéologie. Congrès archéologique de France : séances générales tenues par la Société française pour la conservation des monuments historiques. 1933 / gallica.bnf.fr 
  • Congrès archéologique de France : séances générales tenues par la Société française pour la conservation des monuments historiques. 1991/ gallica.bnf.fr 
  • https://www.pop.culture.gouv.fr/

Bibliographie

  • Marville capitale des Terres Communes / La Gazette Lorraine 2013
  • Images du patrimoine : Marville / Editions Serpenoise