23/04/2022

Le Tétramorphe

 Le mot tétramorphe provient du grec tetra (quatre) et morphe (forme). Il désigne les quatre vivants, les quatre animaux ailés qui tirent le char de la vision du prophète de l’Ancien Testament Ézéchiel. 

Il a été repris dans l’Apocalypse attribué à saint Jean (Nouveau Testament). Plus tard, saint Jérôme (fin du IVe siècle) associe les quatre « animaux » aux quatre évangélistes. Ces quatre symboles marquent également les quatre étapes de la vie du Christ : la naissance, la mort, la résurrection, l'ascension.

Fresque de Duilio Donzelli - Eglise Saint-Laurent (Rouvrois-sur-Meuse)
Maitre-autel de la basilique Notre-Dame (Avioth)
Maitre-autel de la basilique Notre-Dame (Avioth)
Fresque de Duilio Donzelli - Eglise Saint-Evre (Mécrin)
Fresque de l’église Saint-Denis de Juvigny-sur-Loison
Tympan du portail du Lion - Cathédrale Notre-Dame (Verdun)
Tympan du portail de l'église Saint-Sauveur (Verdun)
Clés de voûte de l'église Saint-Nicolas (Marville)

  • L’Évangile selon saint Matthieu est représenté par l’homme. L’Évangile commence par l’Incarnation, c’est la première étape de la vie du Christ (le Verbe s’est fait chair). L’Homme est le symbole de l’esprit et des pensées.
Fresque de D. Donzelli - Eglise Saint-Sébastien
 (Belleville-sur-Meuse)


  • L’Évangile selon saint Luc est représenté par le veau (bœuf ou taureau) symbole du sacrifice dont il est question au commencement de son Évangile. C’est la seconde étape de la vie du Christ : le sacrifice (la mort). Le taureau est le symbole du corps et des forces de l’Homme.
Fresque de D. Donzelli - Eglise Saint-Sébastien
(Belleville-sur-Meuse)


Médaillon du XIIe siècle provenant de l'ancienne abbaye Saint-Vanne
Musée de la Princerie (Verdun) 
  • L’Évangile selon saint Marc est représenté par le lion : Il évoque Jean-Baptiste, «la  voix de celui qui crie dans le désert » puissante et solitaire comme le rigidement d’un lion. C’est la troisième étape de la vie du Christ : la résurrection. Le lion est le symbole du cœur et des passions.
Fresque de D. Donzelli - Eglise Saint-Sébastien
(Belleville-sur-Meuse)
Médaillon du XIIe siècle provenant de l'ancienne abbaye Saint-Vanne 
Musée de la Princerie (Verdun)

  • L’Évangile selon saint Jean est représenté par l’aigle : Jean ouvre son Évangile avec le Verbe, la voix venue du ciel. C’est la quatrième étape de la vie du Christ : l’Ascension. L’aigle est le symbole de l’âme.

Fresque de D. Donzelli - Eglise Saint-Sébastien
(Belleville-sur-Meuse)

22/04/2022

Saint Georges

 Georges de Lydda est un saint martyr honoré le 23 avril. Personnage légendaire dont l’existence est mis en doute dès le Ve siècle, c’est le saint patron des chevaliers, de l’Angleterre, de la Géorgie, de l’Éthiopie, des scouts et des armuriers. Il est souvent représenté en chevalier qui terrasse un dragon à l’aide d’une lance, allégorie de la victoire de la foi chrétienne sur le démon (ou plus largement du bien sur le mal). Il ne faut pas le confondre avec saint Michel l’archange (ailé) qui lui, vainc le démon à pied. 

Saint Georges terrassant le dragon, école allemande du XVIe siècle, bois polychrome
 (Musée barrois, Bar-le-Duc)
Verrière, auteur non identifié (après 1928)
Église Saint-Maurice (Bras-sur-Meuse)
Verrière de Joseph Benoît, 1932
Église Saint-Barthélemy (Halles-sous-les-Côtes) 
Verrière de l’église Saint-Martin (Nubécourt)
Verrière de Georges Graff (vers 1925) 
Offert par Mme Vve Hanse-Monitor de Brieulles à la mémoire 
de son fils Georges Hanse mort pour la France le 12 juin 1918
Église de l’Assomption (Brieulles-sur-Meuse)
Verrière Sanctus-Georgius - Sanctus Martinus, Haussaire frères (1875)
Église Saint-Georges (Thonne-les-Prés
Monument funéraire - Eglise Saint-Martin (Nubécourt)
Tableau intitulé « Saint George Prié pour nous », auteur inconnu (1707)
Église Saint-Georges (Thonne-les-Prés)
Croix de Saint-Georges (symbole des croisés et drapeau de l’Angleterre) 

Ci-dessous, la légende de saint Georges racontée par Jacques de Voragine (1228-1298) dans La Légende dorée (1261-1266) 

Georges était originaire de Cappadoce, et servait dans l’armée romaine, avec le grade de tribun. Le hasard d’un voyage le conduisit un jour dans les environs d’une ville de la province de Libye, nommée Silène. Or, dans un vaste étang voisin de cette ville habitait un dragon effroyable qui, maintes fois, avait mis en fuite la foule armée contre lui, et qui, s’approchant parfois des murs de la ville, empoisonnait de son souffle tous ceux qui se trouvaient à sa portée. Pour apaiser la fureur de ce monstre et pour l’empêcher d’anéantir la ville tout entière, les habitants s’étaient mis d’abord à lui offrir, tous les jours, deux brebis. Mais bientôt le nombre des brebis se trouva si réduit qu’on dut, chaque jour, livrer au dragon une brebis et une créature humaine. On tirait donc au sort le nom d’un jeune homme ou d’une jeune fille ; et aucune famille n’était exceptée de ce choix. Et déjà presque tous les jeunes gens de la ville avaient été dévorés lorsque, le jour même de l’arrivée de saint Georges, le sort avait désigné pour victime la fille unique du roi. Alors ce vieillard, désolé, avait dit : « Prenez mon or et mon argent, et la moitié de mon royaume, mais rendez-moi ma fille, afin que lui soit épargnée une mort si affreuse ! » Mais son peuple, furieux, lui répondit : « C’est toi-même, ô roi, qui as fait cet édit ; et maintenant que, à cause de lui, tous nos enfants ont péri, tu voudrais que ta fille échappât à la loi ? Non, il faut qu’elle périsse comme les autres, ou bien nous te brûlerons avec toute ta maison ! » Ce qu’entendant, le roi fondit en larmes, et dit à sa fille : « Hélas, ma douce enfant, que ferai-je de toi ? Et ne me sera-t-il pas donné de voir un jour tes noces ? » Après quoi, voyant qu’il ne parviendrait pas à obtenir le salut de sa fille, il la revêtit de robes royales, la couvrit de baisers, et lui dit : « Hélas, ma douce enfant, j’espérais voir se nourrir sur ton sein des enfants royaux, et voici que tu dois me quitter pour aller servir de pâture à cet horrible dragon ! Hélas, ma douce enfant, j’espérais pouvoir inviter à-tes noces tous les princes du pays, et orner de perles mon palais, et entendre le son joyeux des orgues et des tambours ; et voici que je dois t’envoyer à ce dragon qui doit te dévorer ! » Et il la renvoya en lui disant encore : « Hélas, ma fille, que ne suis-je mort avant ce triste jour ! » Alors la jeune fille tomba aux pieds de son père, pour recevoir sa bénédiction ; après quoi, sortant de la ville, elle marcha vers l’étang où était le monstre.

Saint Georges, qui passait par là, la vit toute en larmes, et lui demanda ce qu’elle avait. Et elle : « Bon jeune homme, remonte vite sur ton cheval et fuis, pour ne pas mourir de la même mort dont je vais mourir ! » Et saint Georges : « Ne crains point cela, mon enfant, mais dis-moi pourquoi tu pleures ainsi, sous les yeux de cette foule qui se tient debout sur les murs ? » Et elle : « À ce que je vois, bon jeune homme, tu as le cœur généreux, et tu veux périr avec moi ! Mais, je t’en supplie, enfuis-toi au plus vite ! » Et Georges : « Je ne partirai point d’ici que tu ne m’aies dit ce que tu as ! » Alors, la jeune fille lui raconta toute son histoire, et Georges lui dit : « Mon enfant, sois sans crainte, car, au nom du Christ, je te secourrai ! » Mais elle : « Vaillant chevalier, hâte-toi de te secourir toi-même, pour ne point périr avec moi ! C’est assez que je sois seule à périr ! » 

Et pendant qu’ils parlaient ainsi, le dragon souleva sa tête au-dessus de l’étang. La jeune fille, toute tremblante, s’écria : « Fuis, cher seigneur, fuis au plus vite ! » Mais Georges, après être remonté sur son cheval et s’être muni du signe de la croix, assaillit bravement le dragon qui s’avançait vers lui et, brandissant sa lance et se recommandant à Dieu, il fit au monstre une blessure qui le renversa sur le sol. Et le saint dit à la jeune fille : « Mon enfant, ne crains rien, et lance ta ceinture autour du cou du dragon ! » La jeune fille fit ainsi, et le dragon, se redressant, se mit à la suivre comme un petit chien qu’on mènerait en laisse.

Mais, en le voyant s’avancer vers la ville, les habitants épouvantés prirent la fuite, bien certains que tous allaient être dévorés. Saint Georges leur fit signe de revenir, et leur dit : « Soyez sans crainte, car le Seigneur m’a permis de vous délivrer des méfaits de ce monstre ! Croyez au Christ, recevez le baptême, et je tuerai votre persécuteur ! » Alors le roi et tout son peuple se firent baptiser ; on baptisa, ce jour-là vingt mille hommes ainsi qu’une foule de femmes et d’enfants. Et saint Georges, tirant son épée, tua le dragon, qui fut emporté hors de la ville sur un char attelé de quatre paires de bœufs. Et le roi fit élever, en l’honneur de la sainte Vierge et de saint Georges, une immense église, de laquelle jaillit une source vive dont l’eau guérit toutes les maladies de langueur. Le roi offrit aussi à saint Georges une grosse somme d’argent ; mais le saint, sans rien prendre pour lui, la fit distribuer aux pauvres. Il enseigna ensuite au roi quatre choses : Il lui apprit : 1° à avoir soin de l’église de Dieu ; 2° à honorer les prêtres ; 3° à suivre assidûment les offices divins ; 4° à garder toujours le souvenir des pauvres. Après quoi, ayant encore embrassé le vieux roi, il prit congé de lui.

D’autres auteurs racontent cependant l’histoire d’une autre façon. Ils disent que, au moment où le dragon s’avançait pour dévorer la jeune fille, saint Georges, ayant fait le signe de la croix, se jeta sur lui et le tua du coup.

Manuscrit enluminé vers 1500


16/04/2022

Fresques de l’église Saint-Pierre-et Saint-Paul (Creuë)

En 2019, le département de la Meuse propose de créer un circuit patrimonial consacré aux œuvres de Duilio Donzelli qui a vécu en Meuse de 1925 à 1940. Plus de 60 villages possèdent des œuvres de l’artiste italien. Mêmes si les fresques de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Creuë ne font pas partie des œuvres majeures recensées dans ce circuit, elles méritent toutefois qu’on s’y attarde quelques instants. L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul est sans doute l’église la plus ancienne dans laquelle D. Donzelli ait exprimé ses talents. C’est également la plus humide, ce qui explique sans doute son absence de l’itinéraire Donzelli. En effet, les réalisations de dimensions plus modestes que celles des autres édifices ont, pour certaines d’entres elles, particulièrement souffert de l’humidité. Ces fresques ont été peintes à la fin des années 1920 ou au début des années 1930 (certaines sources avancent la date de 1928-1929, d’autres 1933). 


Les fresques du chœur

Les fresques du chœur représentent le soleil (au centre) et la Voie lactée (autour du soleil)

 
Les fresques basses du chœur ont malheureusement souffert de l'humidité.  
 
 

Les fresques de la chapelle de la Vierge

Quelques clés de voûtes 



Date de l'une des restaurations de l'église