L'église Saint-Gérard, de type grange, a été construite en 1781. Durant la Première Guerre mondiale, l’église est le seul bâtiment du village à être épargné par l’artillerie allemande. Le village de Marbotte appartient alors à l'arrière-front français. Cette église a la particularité d'avoir recueilli les corps des soldats tombés dans la région durant le premier conflit mondial (Bois d’Ailly, Forêt d’Apremont). Sur une plaque offerte par le Souvenir français, située à l’entrée de l'édifice, il est écrit : «Visiteur, qui que tu sois, recueille-toi dans cette chapelle. Des milliers de cadavres ramenés des lignes, ont, en attendant leur sépulture, reposé sur ces dalles, imbibées de leur sang. »
De plan très simple, l'église est composée d'une nef à vaisseau unique et d'une abside. La façade occidentale n'est percée d'aucune ouverture et ne porte aucun décor. L'entrée se fait par le côté sud. On y accède par un escalier à deux volées. Le clocher est placé au centre de la façade. D’importants travaux de restauration ont été réalisés à l’intérieur, à l’extérieur et aux abords de l’église en 2014 et 2015.
Dans le chœur, l'autel du souvenir, béni en 1922, est le centre religieux du champ de bataille symbolisé par la multitude des croix sur les murs convergeant vers l'autel. Celui-ci unit au sacrifice du Christ le sacrifice des soldats, représenté dans le bas-relief, et celui des mères, évoqué par la Pietà.
A gauche, un vitrail où le Sacré-Coeur de Jésus domine un soldat mourant en uniforme à pantalon rouge de 1914 (atelier Graff et Adam, Bar-le-Duc, 1922). À droite, un vitrail de la Vierge des douleurs avec, au-dessous, le premier pèlerinage de la veuve et des orphelins à la tombe de l'époux et du père.
Sur les murs, les drapeaux offerts par les familles et les amicales régimentaires (29e, 171e, 227e, 172e, 134e R.I.) montent une garde d'honneur perpétuelle auprès des nombreuses plaques posées par les familles de soldats tués au Bois d'Ailly et à la forêt d'Apremont.
Les vitraux de la mémoire : dans la nef, les vitraux commémoratifs évoquent le Marbotte ancien, qui fut une commanderie de l'ordre des Templiers, ainsi que le martyr des 30 000 morts français du secteur appartenant principalement au 8e corps.
1er vitrail : LES HOSPITALIERS DE SI JEAN DE JERUSALEM
REÇOIVENT DE RAYMOND DU PUY (1120) LEUR CONSTITUTION DÉFINITIVE ET LEUR ÉPÉE, QU'ILS S'ENGAGENT À TIRER SEULEMENT CONTRE LES ENNEMIS DE LA FOI. ÉTABLIS A MARBOTTE VERS 1150, ILS Y DEMEURÈRENT JUSQU'EN 1792. CE VITRAIL A ÉTÉ GÉNÉREUSEMENT OFFERT POUR PERPÉTUER LE SOUVENIR DE LA COMMANDERIE ET DE LA FAMILLE MOEY, QUI Y RÈSIDA DEPUIS 1755.
Ce vitrail est dédié à l'abbé Hance, curé de Marbotte. Il est inspiré d'une toile de la galerie des Croisades au château de Versailles.
2e vitrail : DEBOUT LES MORTS !
L'ADJUDANT PÉRICARD DU 95e R. I. SENTANT SES HOMMES FAIBLIR ET NE VOYANT QUE DES MORTS ET DES BLESSÉS AUTOUR DE LUI RANIME LES COURAGES AU CRI DE « DEBOUT LES MORTS » ET REPOUSSE UNE VIOLENTE CONTRE-ATTAQUE ALLEMANDE AU BOIS-BRULÉ LE 8 AVRIL 1915.
Saint-Michel soutient les troupes françaises en uniforme de 1915 assaillies par des soldats allemands portant le casque à pointe. C'est au cours d'un assaut allemand au Bois Brûlé le 8 avril 1915 que l'adjudant Péricard (95e régiment d'infanterie), dans une défense désespérée, lance son exhortation devenue célèbre. Sentant ses hommes faiblir et ne voyant que des morts et des blessés autour de lui, il ranime les courages au cri de « Debout les morts !», formule du jargon militaire par laquelle le caporal de jour réveille les conscrits dans leur chambrée le matin (Jules Adam, peintre-verrier à Paris et Bar-le-Duc, 1925-1926).
3e vitrail : LA TRANCHÉE DE LA SOIF
LE COMMANDANT D'ANDRÉ (2ME BATAILLON DU 172ME R.I) ET LA 7ME CIE S'ÉTANT EMPARÉS DU BOYAU ALLEMAND ALIMENTANT LE SECTEUR (CORNE N.O. DU BOIS D'AILLY) SONT REFOULÉS, ENCERCLÉS ET PRIS PAR LA GARDE DE BERLIN APRÈS 60 HEURES D'UNE RÉSISTANCE HÉROÏQUE, SANS EAU, NI VIVRES, NI GRENADES (20-22 MAI 1915)
Jeanne d'Arc soutient la résistance des soldats français cernés par les Allemands. (Jules Adam, peintre-verrier à Paris et Bar-le-Duc, 1925-1926).
4e vitrail : LA PRIÈRE DANS L'ÉGLISE DU SOUVENIR
DES MILLIERS DE CADAVRES, RAMENÉS DES LIGNES, ONT REPOSÉ EN ATTENDANT LEUR SÉPULTURE, SUR CES DALLES QUI FURENT IMBIBÉES DE SANG. N'ASSISTEZ PAS À LA MESSE ICI, SANS PRIER POUR LES ÂMES DE NOS SOLDATS. NE PASSEZ PAS ICI SANS IMPLORER AVEC ST GÉRARD, PATRON DE MARBOTTE, LA MÉDIATION DE MARIE EN LEUR FAVEUR.
Un prêtre assisté d'un enfant de choeur célèbre l'Eucharistie. Au registre supérieur, Saint Gérard patron de la commune implore la médiation de la Vierge en faveur des âmes des soldats. Les morts sont étendus sur le sol de l'église, dans l'attente d'une inhumation (vitrail dédié à l'abbé Marquet, fondateur de l'œuvre du souvenir de Marbotte, 1920-1926), (Joseph Benoit maître-verrier à Nancy, 1932).
Dès le début de la guerre, les hôpitaux sont débordés par le nombre de blessés à cause de la puissance des armes utilisées. Il n'y a pas assez de trains et de véhicules pour les transporter tous.
Les soldats touchés ou qui ne peuvent plus marcher attendent sous le bombardement l'arrivée des brancardiers. Ceux qui le peuvent essaient d'aller seuls jusqu'au poste de secours. Là on leur donne les premiers soins, ils sont vaccinés contre le tétanos. D'autres, incapables de marcher, seront transportés sur des mulets, suspendus dans une toile de tente ou simplement portés à dos d'hommes.
Les mourants, on les abandonne. Un aumônier est souvent là pour les aider à affronter la mort. Il y a aussi les soldats qui tombent trop près des tranchées allemandes. Il est donc très risqué d'aller les rechercher. Ces blessés meurent le plus souvent sans aide.
Les blessés légers retournent vite se battre. Les plus gravement mutilés sont envoyés vers un hôpital militaire à l'arrière. Ils voyagent dans un train peu rapide et inconfortable. Les médecins ont fait des progrès au cours de cette guerre en raison de la gravité des blessures. Malheureusement, beaucoup de blessés meurent après les opérations. Une fois guéris, certains pouront retourner à la guerre. D'autres, aveugles, gazés, mutilés repartiront chez eux.
Quelques témoignages
« Le poste de secours est encombré. Les blessés s'entassent. Le sol se couvre de portions rougies et gluantes de vêtements. L'odeur du sang écoeure. Manches retroussées, je travaille avec Vidaillac et Moreau. Un brancardier inscrit les noms et les blessures, ba clientèle misérable et boueuse afflue, s'embouteille autour de nous. Les brancards passent difficilement. Nous piétinons un mélange roussâtre de bave, d'eau, de sang et de coton jeté sur le sol. »
Paul Voivenel, Les Eparges 1915
« Voilà déjà 24 heures que j'ai été blessé par l'éclatement d'un obus et un gros éclat est retombé sur ma tête, heureusement que j'avais mon casque, je lui dois la vie ; aussitôt le coup reçu, j'ai ressenti une commotion terrible, mes mains se sont crispées et j'ai cru mourir, mais je suis revenu à moi au bout de quelques minutes et mon copain m'a fait un pansement avec le sachet que l'on a exprès. »Un soldat de la 65ème DR
« Et des blessés se traînent, presque tous sans fusil, les cheveux collants, pâles et sanglants. Ils ont improvisé des écharpes avec des mouchoirs à carreaux, des serviettes, des manches de chemises. Ils marchent la tête courbée, tirés de côté par un bras qui pèse, une épaule tracassée ; ils boitent, ils sautillent, ils tanguent entre deux bâtons, traînant derrière eux un pied inerte …. Et nous voyons des visages, aux yeux fiévreux, barrés de pansements obliques qui laissent couler le sang le long de la joue ... »Maurice Genevoix « Ceux de 14 »
« lls sont alignés au milieu de l'église sur le pavé entre un les bancs. Il y en a huit, neuf, dix, onze... Je ne passerai pas. Leurs pieds me font peur, ils sont morts de la tête aux pieds. »Paul Cazin « L'Humaniste à la guere »
« C'est dans cette église que reposaient les cadavres de nos Camarades ramenés des lignes en attendant que fussent prêtes leurs tombes dans les cimetières avoisinants. Des milliers de cadavres sont venus ici tour à tour. On les étendait devant le chœur, on les recouvrait d'une toile de tente. Une bénédiction, une prière, une dernière visite des camarades en réserve à l'étang. Puis le grand repos dans la grande nuit. Les dalles ici sont imbibées de sang.
L'Adjudant Péricard
Les murs de l'entrée de l'église sont recouverts de plaques de marbre blanc portant inscription des noms de très nombreux soldats tombés durant la bataille de Saint-Mihiel.
Triptyque du baptême du Christ "EN SOUVENIR DE MAURICE PARIS 27ME R. I. 14-12-14" : en trois parties, en-dessous de chacun des panneaux. "D. DONZELLI 1939" sur le panneau de droite, dans l'angle en bas à droite.
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